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Par Le |
Nicolas Poincaré, reporter à France Info, qui succéda en janvier 1997 à l'ancien directeur de l'information de Radio France, n'a pas démérité, ni de l'exercice ni de l'audience. Signe des temps à Radio France? Pascale Clark n'est pas issue de la maison et, qui plus est, ne semble pas munie d'un contrat d'embauche en bonne et due forme. Son statut est «précaire», souligne le Syndicat national des journalistes (SNJ). Faut-il comprendre que le service public calcule de mettre un terme à sa collaboration si l'audience laisse à désirer? Pascale Clark n'est pas du genre à se donner en pâture. Elle ne livre rien au-delà de ce qu'exige l'exercice imposé des interviews liées à sa nouvelle occupation: la revue de presse de France Inter. Les auditeurs de la station auront eu tout un été pour s'habituer à sa voix, grave et chaude, dont les accents rocailleux crispent ou charment. «Ce n'est pas une voix Inter», avancent les sceptiques. «Partout où je suis allée, je n'avais pas la voix de la station», répond la jeune femme au visage lunaire. Une voix radio, incontestablement, cassée, à la fois atout et handicap. Mais aussi un ton, mi-figue mi-raisin, un style, iconoclaste et impertinent, et désormais une fonction qui n'autorise pas les défauts d'ardeur. Bonne intervieweuse. Pas de minauderie de jeune fille flattée quand on l'interroge sur le tour qu'elle veut donner à l'exercice. Sur le ton «advienne que pourra», elle sert les mêmes réponses, avec les mêmes mots, aux curiosités qu'elle juge sans doute un peu fades, elle qui a pour réputation d'être bonne intervieweuse. Pour la revue de presse: «J'ai l'intention de ne pas avoir d'intention particulière. Après tout, il s'agit de lire les journaux pour les autres, explique-t-elle. Je n'ai pas de règle, il faut écouter son plaisir de lecteur. Ça demande à être en confiance. Ça ne va pas venir tout de suite, mais, aux dernières nouvelles, la revue de presse va durer plus d'une semaine.» Tant pis pour ceux qui espèrent des airs de triomphatrice ou des déclarations définitives. Après des débuts dans les radios CVS, 95.2 et Europe 2, de 1983 à 1989, elle assure des tranches d'information sur France Info et effectue des reportages à la télé pour Culture Pub. A Europe 1, elle casse la baraque: reporter, elle devient présentatrice, d'abord des tranches vespérales, puis des matinales. Jérôme Bellay, qui déboule pour sauver Europe de la débâcle, se lasse d'elle et le lui fait savoir. Un virage vers le petit écran et Arrêt sur images sur la Cinquième, aux côtés de Daniel Schneidermann, puis des portraits pour TV +: malgré ces deux belles expériences, elle fustige la lucarne, la traite de «fille de joie» ou de «pute». A la télé, tout le monde est tout de suite «plus beau, plus intelligent, plus coté sur le marché», un système qu'elle abhorre. Lui signifier qu'elle en a peut-être bénéficié la laisse de glace: «Je ne calcule pas.» Mais le compte est bon quand même. Cynique ou cajoleuse. Après un printemps passé à l'animation des matins de Ouï FM, à 35 ans, Pascale Clark succède donc à son ami Nicolas Poincaré, rendu à ses amours de reporter. Avec la présentation du 7-9 d'Inter et l'interview de 8 h 20, son été a été fort nourri. Lundi, elle élèvera une voix peut-être cynique, peut-être cajoleuse, pour emmener les auditeurs au cúur des papiers qui l'auront détournée. A 8 h 40, il n'en restera que quelques boulettes au fond d'une corbeille. Si elle a réussi les «paniers à trois points» qu'elle s'autorise entre deux rouges antenne. |